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Elégie... envol de libellules

Le jeu meurtrier du caveau maudit.

« Âmes quittèrent le corps de Comtesse

A leurs dires s’attestent le don en héritage… »

 

Au caveau Demidoff, le silence raconte…

Toute fortune laissée s’offrira à celui

Qui, durant toute une année,

Demeurera dans sa sépulture…

 

A ce jeu, peu d’hommes se livra…

 

Juste,

Trois hommes tentèrent la péripétie,

Trois fous ressortirent à leurs maux scellés.

 

Au caveau, L’être part vivre

Auprès de la Dame défunte.

Toute nuit, tout jour

Dans la clameur du tombeau …

 

Une brume couvre l’endroit en paix.

L’obscurité s’éveille  de sa boite de Pandore.

Nul bruit gravite les cieux, juste les murmures…

Les voix racontent de ces allées anciennes…

Les stèles s’offrent muettes face à l’inconnu.

 

Et la légende raconte… le souffle cacheté…

 

Dans la pierre de cette dernière demeure,

Comtesse Marie Elisabeth Demidoff dort.

Dans le cercueil, sa dépouille prend l’éternité.

 

L’homme volontaire, non loin, se montre brave…

Dans ce lieu, un mystère alourdit l’air…

 

De l’imagination à la réalité, le délire nait.

L’esprit quitte terre, la tête tourne sous la pleine Lune.

Le moindre grincement est traqué,  la moindre tranquillité aussi.

La folie le capture dans sa solitude…

Face à la mort, la peur devient seule compagnie.

La froideur l’envahie jusqu’aux os.

Doucement la raison le quitte…

 

Dehors, la légende vagabonde

Sur la rumeur des commérages

A sa sortie, l’homme découvre le refuge des têtes angoissées.

 

Entrée inextirpable, l’histoire traverse les époques.

Du vampire emprisonné garde la tombe maudite.

 

 

______________________________________________________________________

 

 

 

Note :

La baronne Élisabeth Alexandrovna Strogonoff, madame puis comtesse Nicolas Demidoff, est une aristocrate russe née le 5 février 1779 et morte à Paris le 8 avril 1818.

 

À seize ans, en septembre 1795, elle épouse Nicolas Demidoff en Toscane, crée comte en 1827. Elle lui donne deux fils : le comte Pavel (Paul, 1798-1840) et Anatoly (Anatole, 1812-1869), créé prince de San Donato en 1840.

 

Nicolas Demidoff entra dans la diplomatie et le jeune ménage s'installa à Paris où tous deux soutinrent ardemment Napoléon Ier. Mais la montée des tensions entre la France et la Russie entraîna le rappel de Nicolas dès 1805. Le couple s'installa d'abord en Italie avant de rentrer en Russie en 1812 et de s'installer à Moscou.

 

Les deux époux avaient des caractères assez dissemblables et vivaient assez souvent éloignés l'un de l'autre. Belle, légère et gaie, Élisabeth Alexandrovna s'ennuyait avec son mari. Après la naissance d'Anatole en 1812, ils se séparèrent et elle retourna vivre à Paris où elle mourut en 1818. Elle est inhumée au cimetière du Père-Lachaise à Paris dans un beau monument à colonnades (architecte Jauret, sculpteur Quaglia).

 

"Ici repose les cendres d'Elisabeth Démidoff née Baronne de Strogonoff. Décédée le 8 avril 1818"

Le gigantesque et somptueux mausolée de la baronne russe Élisabeth Alexandrovna Stroganoff dans la 19e division du cimetière du Père-Lachaise, auquel on parvient par de larges escaliers de pierre, serait paraît-il un lieu d'accès direct aux enfers.

 

Interview du conservateur du Père Lachaise dans un article du journal "Le Temps", daté du 2 novembre 1896, écrit par Adolphe Brisson:

"Cette légende naquit il y a quelques années à la troisième page d'un journal boulevardier.

On disait, qu'au cimetière du Père Lachaise, une grande Dame de Moscou était enterrée dans un caveau: avec des colonnes surmontées d'un dôme polycrome, une chapelle déllée de marbre précieux, un cercueil en cristal de roche... Elle avait déposé son testament chez un notaire de Paris et léguait la totalité de sa fortune (approximativement deux millions de Roubles en or)à la personne de bonne volonté qui consentirait, pendant 365 jours et 366 nuits à s'enfermer auprès de son corps dans la solitude du caveau et à ne s'en éloigner sous aucun prétexte.

Elle désirait être veillée sans interruption. Elle ne s'opposait pas à ce qu'on fit, à côté d'elle, platureuse chères, à ce qu'on lut des livres amusants... Mais il ne fallait point la quitter sous aucun prétexte. Elle mettait, cette condition expresse, à ses libéraltés"

 

Adolphe Brisson termine l'article: "Cette fable, renouvelée de Shérazade, fut reproduite un peu partout en France, Europe et même Amérique. Le conservateur a reçu des milliers de lettres lui demandant des renseignements sur la féérique princesse, et s'inquiétant des conditions à remplir pour devenir son héritier. Et on continue à lui écrire..."


Texte : Tous droits réservés - 2012 - Lauriane Lopès


12/04/2012
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