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Elégie... envol de libellules

Au bois des Libellules. - Ch. III

Le festin terminé. La vaisselle aussi. Me voilà prête à voyager vers un autre monde. Pour l’occasion, j’aidais Fleurange à faire un feu, au salon. J’écoutais ses indications, sans la contrarier. Dehors, je pris les bûches dans mon panier. Arrivée à la cheminée, j’allume le feu en prenant le temps. Fleurange prépara son fameux bon thé à la rose accompagnée du gâteau à la pomme qui lui restait.

L’un comme l’autre à nos tâches finies, nous nous installons, confortablement, installées sur les fauteuils près de la cheminée. Me voilà prête au voyage vers la légende.

 

Fleurange me parla… J’écoutais avec attention, sans un mot.

 

« Tu sais, tu n’es pas la première qui souhaite connaître cette légende. D’autres que toi sont venus. D’autres que toi viendront… encore. Ceci ne me dérange. Un peu de compagnie me fait du bien.

(Je n’osais pas l’interrompre... Je préférais la laisser me bercer par sa voix…)

Les villageois disent bien des vilaines choses à mon égard. Mon mari serait encore parmi nous, ils n’oseraient pas de prononcer le tiers de leurs paroles.  Mais vois-tu, cela fait longtemps que je ne les écoutes plus. Enfin, tout ça nous en avons déjà discuté cet après-midi, dit-elle avec un sourire amusé.

 

Alors ? Oui ! Cette fameuse légende… mon père me l’a si souvent raconté, quand j’étais petite. Et aujourd’hui, voilà que c’est mon tour de la raconter. »

 

Un léger silence se pose dans la pièce. Quand j’ai voulu engager la conversation. D’un geste de la main, Fleurange me dit :

« Allons bon ! Laissons les souvenirs de côté ! (Alors, comme une enfant, je la regardais… attendrie.) »

 

« Ce fût dans ce bois. Le bois des libellules. Ce nom lui est dû par ces innombrables libellules qui vivent dans les sous-bois. La nuit, c’est plutôt d’innombrables lucioles qui illuminent l’enchantement des hôtes de Dame Nature…

-          Viens voir me dit-elle… »

A tâtons, nous nous dirigeons vers la fenêtre de la cuisine. Un tableau s’anima. Des lucioles sortirent des arbres et des herbes folles. Un tapis d’astres fila dans le jardin, survolant le ruisseau… Un pays féérique où la Lune jeta un bras d’argent sur ces convives comme pour les saluer…

 

« Tu n’aurais pas pu t’en aller sans voir ce spectacle légendaire, me chuchota-t-elle. »

Je ne savais quoi lui répondre… Mes yeux se remplirent d’émotions… à fleur d’âme.

 

D’un signe de sa main, je la suivis reprendre place dans la quiétude du velours et de la laine soyeuse. Mes oreilles attentives n’en perdirent pas une miette…

 

« Jadis. La nuit fût sombre et ténébreuse. L’orage éclaira le ciel hivernal. Des nuages d’ébènes tombaient des trombes d’eaux. Des grondements retentissaient sans cesse. La peur s’invita sous les toits. Aucune gente n’avait connu un aussi grand vacarme. Et les éclairs se fracassaient à même le sol. Ce fut un miracle qu’il n’y ait eu aucune maison de touchée…

Cette nuit-là, un voyageur, venant des deux collines arriva… Mais il fût témoin d’un étrange phénomène dont il se souviendra toute sa vie.

La foudre se fracassa sur le vieux chêne. Il ne prit pas feu. Le chêne s’illumine d’une blancheur purifiée, éclairant tout autour de lui. Le voyageur prit peur que ce soit l’acte du diable. Il s’enfuit loin de cet endroit et se réfugia dans une grotte.

Au petit matin, il se réveilla par le chant des oiseaux. Quand il sortit de là. Il se trouva en haut de la colline. Le seul endroit où les arbres ne poussent pas. Dès qu’il vit le village, il se hâte vers la vallée. Arrivé à l’auberge, le voyageur, étrangement pâle, salua les villageois, réticents à sa visite, qui l’interrogèrent. Alors il raconta son récit, en reprenant son esprit. Personne ne parla. Les gens d’en bas s’observèrent, sans plus. L’aubergiste lui versa un alcool fort. Vu les réactions, l’inconnu comprit qu’il se faisait passer pour fou. Il paya et quitta l’endroit afin de suivre sa route.  Ainsi il repartit…

Dans le village, tout le monde parla de ce chêne devenu blanc. Des jours et des semaines, le maire en eut assez. Il organisa une battue afin de faire taire les mauvaises langues. Les villageois se réunirent et s’en allèrent à la recherche de cet arbre. Ils partirent trois longs jours. A leur retour, aucune trace de cette histoire. L’accident fût déclaré comme clos. Cette histoire fût mise sur le compte de l’hallucination du pauvre homme.

 

Pourtant l’histoire ne s’arrêta pas là. Bien au contraire, elle venait de naître...


Au bois des libellues - Ch. I

Au bois des libellules. - Ch. II

Au bois des Libellules. - Ch. III

Au bois des Libellules. - Ch. IV

      Au bois des Libellules. - Ch. V


Tous droits réservés - 2012 - Lauriane Lopès


23/10/2012
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