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Elégie... envol de libellules

Au bois des libellules. - Ch. II

Je me souviens d’une vieille dame… Sa chaumière se situe en amont de la colline, près d’un ruisseau. De l’autre côté du cours d’eau, la forêt s‘isole. Son prénom est Fleurange.  Les traits de sa vie la vieillissent, et sa jambe lui fait un mal de chien. Son sourire s’anime quand sifflent les oiseaux des bois. Fleurange n’est ni grande, ni petite. Elle est toujours coiffée d’un chignon avec quelques mèches rebelles autour du visage. Ses cheveux sont blancs. Et elle est vêtue d’une robe pervenche et d’un tablier rose. Fleurange possède une vache, Ombeline. Elle fait son propre beurre et sa crème.  

Ce personnage m’a étonnamment émerveillé par sa gentillesse et son amabilité. Nous nous sommes parlées comme si nous nous connaissons depuis toujours.

 

Fleurange ne supporte pas le vouvoiement, elle le trouve trop aigrie pour l’accepter sous son toit. Début difficile, vite remédié.

 

Fleurange. Oh Fleurange… Je me souviens de ce que vous soupirez sur les gens du village :

« Dans cette vallée où les langues du village cancanent sur moindre fait.  Des blasphèmes se vantent sur des petites vérités pour finir dans le vent ou se loger dans un cœur, en cicatrice. Personne n’a la clef de l’histoire d’une porte fermée. Alors naît certains mensonges pour des mirages de véracités. Personne ne sait, tout le monde dit. De ce poulailler grandeur nature, j’en ris amusément. 

Pourtant de ces gens-là, je leur accorde une attention sur la légende du Chêne blanc… Mais la connaisse-t-il aussi bien que je la connais ? J’en doute !»

 

Quand vous entrez chez elle par le jardin, vous arrivez dans sa grande cuisine campagnarde. Tout est toujours à sa place. Puis à droite, vous atteignez la salle à manger. Des meubles rustiques et des armoires encastrées dans le mur avec des portes vitrées et des petits rideaux immaculés d’amidon. Tour à tour de la maison, allant de pièce en pièce. Nous voici dans  le salon possédant une grande bibliothèque. Des livres par centaines dorment sur les étagères ; des livres anciens. Une petite table ronde au milieu de la pièce avec deux voltaires près de la fenêtre centrale.  Du côté de la porte d’entrée, l’escalier, une porte fermée, et un grand espace accueillant vers cette pièce. Une vieille commode côté mur avec des souvenirs et un beau bouquet de fleur des champs. Elle se tient entre deux bibliothèques, toutes deux remplis de photos de familles, de souvenirs, d’objets et de figurines de chats et chiens. A l’opposé, la grande cheminée en pierre avec un fauteuil à chaque extrémité et une petite table en bois au milieu. Puis un canapé de même couleur que les fauteuils : rouge velours avec plaid tricoté de couleur mauve clair. Dans chaque coin de la pièce, il y a un joli bouquet de fleurs soit de roses, d’œillet ou champêtre. L’endroit est accueillant.

 

A ma venue improvisée, Fleurange m’invita à venir voir son jardin et son ruisseau  où fleurissaient des iris sauvages. Puis m’invite à entrer dans sa maison telle que je vous l’ai décrite. J’en garde encore des étoiles plein les yeux tant que cet endroit est magique… une maison de rêve, en somme.

 

Je me souviens qu’elle avait préparé un délicieux gâteau aux pommes, accompagné d’un thé à la rose. Nous  parlons de tout et de rien durant des heures. Quand le soir nous tomba dessus, son coucou sonna les six heures. Nous n’avions pas vu le crépuscule se joindre à nous. Fleurange insista pour que je dorme chez elle. Curieuse façon d’héberger une étrangère chez elle.  Mais comment lui refuser. D’autant plus qu’il n’y avait pas d’auberge dans le coin. Je n’ai pas pu décliner son offre qui fût à la fois une aubaine... En même temps, je découvrais une Fleurange qui quand elle l’avait décidé, rien de pouvait l’en dissuader. Je me sentais amuser par la bonté de cette dame. N’ayant pas encore pris connaissance de cette légende, Fleurange se réjouit de me le rappeler qu’il me faudra attendre après le repas. Cette impression qu’elle pouvait deviner à travers le temps grandissait en moi, comme si elle m’attendait depuis longtemps. Et vu ce dont elle avait préparé... comme un repas attendu. Etonnante, cette Fleurange…

 

Le soleil se couche mollement. Nous descendons dans le potager. Elle tenait à cueillir une salade pour accompagner le plat. Je l’aidais, tout naturellement. Ce personnage me fascina de plus en plus… Comme une enfant était dans le potager de ses grands-parents. Mes mirettes filaient au firmament des belles joies enfantines.

 

Les dernières lumières offraient au bois un habit d’arrière-saison, à la fois cuivré  et de dorure dans toute son excellence. Je frissonnais face à cette auguste présence ; Dame Nature.  Jamais, je n’ai vu un spectacle aussi admirable. Et il le fût plus encore, quand une biche sortit de ces antres pour une brève apparition. Les larmes me montèrent avec douceur dans cette évanescence florilège… Avec Fleurange, je contemplais cette sculpturale joliesse.

Le silence prit la parole et nos regards échangèrent des lèvres charmées.

 

Puis nous rentrâmes au cœur de sa chaumière…

 


Au bois des libellues - Ch. I

Au bois des libellules. - Ch. II

Au bois des Libellules. - Ch. III

Au bois des Libellules. - Ch. IV

Au bois des Libellules. - Ch. V


Tous droits réservés - 2012 - Lauriane Lopès


23/10/2012
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